L'analyse de Patrice Garande
"Une bonne soirée, une bonne semaine"
Après le revers au Moustoir mercredi, Patrice Garande attendait une réaction de ses troupes. Et le patron technique du SMC n'a pas été déçu. "Notre entame de match performante nous a mis sur les bons rails. Au niveau du rythme, nous avons réalisé beaucoup d'appels dans la profondeur. D'ailleurs, les garçons étaient assez fatigués à la pause", relevait le coach caennais. "Par rapport aux carences entraperçues à Lorient, nous avons vu, compte tenu de nos moyens physiques, des choses intéressantes".
Cette réception du Gazélec intervenant à la conclusion de huit jours avec trois parties au programme. "Dans ces conditions, ce n'est jamais évident de s'imposer", rappelait Patrice Garande. Avec deux victoires en trois journées, le Stade Malherbe a donc passé "une bonne soirée et une bonne semaine". "Les joueurs provoquent cette réussite. Maintenant, il faut continuer sur cette voie".
Dans le sillage de son carré magique avec un Andy Delort "hors normes", un Ronny Rodelin "extrêmement technique qui retrouve ses moyens physiques", un Julien Féret et un Vincent Bessat "capables de mettre le pied sur le ballon", les "Bleu et Rouge" occupent le 5e rang, avant les confrontations de dimanche, à égalité avec le Stade de Reims (4e) et le Stade Rennais qui squatte la troisième marche du podium ; les trois équipes étant départagées à la différence de buts.
Le fait du match
PREMIER BUT EN LIGUE 1 POUR EMMANUEL IMOROU
Quand t'as plus de buts en L1 que CR7 et Messi reunis. pic.twitter.com/0pGCtNQqiT
— Manu Imorou (@Manuimorou) 26 Septembre 2015
Souvent moqué (gentiment) par ses partenaires pour sa maladresse devant les cages adverses, Emmanuel Imorou a donc attendu sa 36e apparition de Ligue 1, pour autant de titularisations, pour débloquer son compteur personnel. "C'est un événement", en rigolait presque Patrice Garande. Sur une offrande de Dennis Appiah, son homologue sur le côté droit, auteur d'un petit pont puis d'un centre parfait, l'arrière gauche normand s'appliquait, pour du plat du pied, pousser le ballon au fond des filets (55').
"Nous ne sommes pas censés attaquer tous les deux en même temps", expliquait, avec un grand sourire, l'international béninois qui en a profité pour se fendre de quelques tweets dont lui seul a le secret. Toutefois, pas certain que ces deux amis dans la vie se fassent gronder par leur entraîneur pour cette initiative. "Est-ce que ce but était dur à mettre ? Pour un attaquant lambda, non, pour moi, oui. J'ai bien disséqué l'action pour ne pas la louper, car ça aurait été terrible sinon".
S'il reconnaissait l'attendre depuis longtemps, "en voyant des latéraux marqués tous les week-ends, nous en rigolons avec Dennis avec qui on s'envoie des messages en se demandant pourquoi ça ne nous arrive jamais", Emmanuel Imorou était surtout heureux d'avoir "mis sa formation à l'abri". Avec cette réalisation synonyme de break pour le Stade Malherbe. "Les buts, c'est du bonus. La priorité, ce sont les résultats".
Le chiffre
15
Avec 15 unités au bout de huit journées, le Stade Malherbe dispose d'autant de points qu'à l'issue de la phase aller de l'exercice précédent (les coéquipiers de Julien Féret avaient même toujours ce total après 20 rencontres en L1 et une défaite à Lille). "Nous avons trois mois d'avance", plaisantait Patrice Garande devant les micros au terme de ce cinquième succès en huit matches de championnat.
Jamais dans toute son histoire en première division, le SMC n'avait effectué un début de saison aussi prolifique(1). Malgré ce capital "sécurisant", le coach caennais ne veut pas que son collectif "se contente de cette situation de confort". "Il faut trouver les ingrédients qui permettent de faire naître chez les joueurs l'ambition d'aller obtenir la meilleure place possible. Nous devons tenter, oser plus", indique le technicien normand qui garde, néanmoins, les pieds sur terre.
"Il ne faut pas oublier d'où l'on vient", martèle Patrice Garande précisant, s'il en était besoin, que l'objectif n°1 reste inchangé : "Nous voulons être en Ligue 1 la saison prochaine". Un entraîneur des "Bleu et Rouge" se souvenant qu'à la trêve de Noël l'année passée certaines équipes en dépit "d'un nombre de points qu'elles croyaient suffisants pour le maintien ont dû lutter jusqu'à la fin pour se sauver"(2).
Un homme dans le match
Baptême du feu pour Jordan Leborgne
Avec trois journées en l'espace d'une semaine, Patrice Garande avait procédé à un turnover donnant, entre autres, sa chance à Jordan Leborgne. La première titularisation pour le n°19 caennais issu du centre de formation du Stade Malherbe et déjà entré en jeu à Troyes et à Lorient. "Je peux comprendre, d'un point de vue extérieur, que ce soit une surprise, mais c'est un garçon qui a accompli une excellente préparation, travailleur, compétiteur", décrit l'entraîneur noramnd.
Utilisé principalement dans le couloir droit avec le groupe "pro", le Guadeloupéen aux faux airs de Thomas Lemar, notamment, dans ses prises de balles a retrouvé son poste de formation, au cœur du jeu, encadré par les expérimentés Nicolas Seube et Julien Féret. "Je pense avoir fait un bon match même si j'ai perdu des ballons bêtes", analyse le néo-professionnel qui a signé son premier contrat cet été. "Le coach m'avait dit de jouer simplement dans certaines zones de jeu puis de percuter. Je devais aussi relayer Ronny sur le côté droit quand il rentrait dans l'axe".
Le technicien du SMC était, lui, très satisfait de la prestation de son protégé. "Au niveau du rythme, il a mis d'entrée l'équipe dans le bon sens en impulsant le tempo sur le pressing. C'est un match très cohérent. Je l'ai sorti en deuxième période, car il commençait à être submergé par l'émotion et pour éviter qu'il se prenne un second avertissement".
L'adversaire
La colère froide de Thierry Laurey
Malgré une 19e place avec seulement deux points avant cette huitième journée, le Gazélec Ajaccio, toujours à la recherche d'un premier succès cette saison, refusait de céder à la panique, adoptant une communication positive. Quelques minutes après le revers de sa formation à d'Ornano, le discours de Thierry Laurey, dans les tribunes samedi soir, car purgeant son dernier match de suspension, avait radicalement changé de ton.
"Nous avions établi un plan de jeu avec des consignes à respecter et je m'aperçois qu'au bout d'un quart d'heure, elles sont déjà oubliées. Après, il ne faut pas s'étonner de se faire punir. Caen n'a même pas besoin de se créer des situations, nous lui offrons. Peut-être que nous pouvons fournir des matches comme ça en DH, mais en Ligue 1 ce n'est pas possible. Certains joueurs ont besoin de se mettre un coup de pied au cul", pestait l'entraîneur ajaccien qui a passé une soirée cauchemardesque.
Touché par un virus, Pablo Martinez était contraint de déclarer forfait à l'échauffement. Son successeur dans le onze de départ corse, Kévin Mayi se trouvait ensuite au cœur d'une incompréhension au moment de son changement (69'). Alors que Jacques Zoua avait demandé à quitter le pré quelques instants auparavant à cause d'une douleur à l'épaule, c'est son coéquipier qui rejoignait le banc ; le staff des "Gaziers" manquant de réactivité. Zoua sortant, lui, quatre minutes plus tard.
(1)Si le barème de points actuel avec un succès rapportant trois points au lieu de deux à l'époque avait été en vigueur, le club normand aurait disposé d'un total identique en 1990-1991 à ce stade de la compétition.
(2)Après 19 journées, Nantes et Reims comptaient respectivement 30 et 29 unités, occupant les 7e et 8e places, avant de finir le championnat avec 45 et 44 points en 14e et 15e position. Le SM Caen s'était, lui, classé 13e avec 46 points.