
Quel a été l'élément déclencheur de la série d'invincibilité du Stade Malherbe ?
"Le stage au Touquet, début janvier, où nous avons énormément échangé. J'étais au club depuis trois mois et je n'avais encore jamais entendu la voix de certains. Peu importe notre statut, que l'on soit titulaire indiscutable ou que l'on n'ait pas joué une seule minute, tout le monde a donné son avis sur notre situation. Ces discussions nous ont permis de mieux nous connaître en tant qu'homme".
A l'image de l'équipe, personnellement, vous êtes aussi monté en puissance depuis la reprise…
"Au début, compte tenu des conditions dans lesquelles je suis parti de Lens(1), ça n'a pas été facile pour moi. J'évoluais avec un frein à main. Il a fallu que je m'adapte à un autre club, des nouvelles infrastructures, un contexte différent. A Lens, j'étais un peu une icône locale. En arrivant ici, je suis redevenu un joueur parmi les autres. Par contre, en aucun cas, ma blessure au genou(2) ne m'a perturbé. La trêve de Noël m'a fait énormément de bien. Je me suis posé les bonnes questions. J'ai eu une discussion avec le coach".
Preuve de votre retour au premier plan, votre jeu de tête. Un domaine où vous vous montrez intransigeant…
"C'est vrai que c'est un de mes points forts. C'est aussi une arme sur le plan offensif même si c'est beaucoup plus dur de remporter ses duels en attaque qu'en défense. Il faut se démarquer, se faufiler entre les adversaires, anticiper la trajectoire du ballon. Dans tous les cas, j'ai toujours aimé les duels. Pourtant, je ne le travaille pas forcément. A l'entraînement où je ne peux pas mettre le même engagement qu'en match, je suis même bidon. Ce n'est pas une question de détente, mais de timing".
Qu'allez-vous éprouver au moment de retrouver vos anciens coéquipiers lensois ?
"J'ai déjà eu l'occasion de les recroiser une demi-douzaine de fois depuis mon départ. Ça va bien entendu me faire énormément plaisir de revoir les joueurs, le staff et les dirigeants. J'ai passé six ans dans ce club. Mais pendant 90', il n'y aura plus d'amis. Aujourd'hui, je suis 100 % caennais. L'émotion aurait certainement été plus forte si nous nous étions déplacés à Bollaert".
Pensez-vous que le RCL possède encore les moyens de se maintenir en Ligue 1 ?
"Les Lensois ne sont pas largués au classement. Ils ne se sont jamais inclinés sur un score large. Compte tenu de la jeunesse de l'effectif, je suis surpris par la cohérence de leur prestation. Les Cyprien, Gbamin et Bourigeaud, quand je suis arrivé à Lens, ils évoluaient en moins de 13 ans. Ils étaient mes ramasseurs de balles. Ces garçons sont passés directement des U19 aux pros. Certains ne comptent même pas dix matches en CFA".
Qu'avez-vous pensé du parcours de la Tunisie lors de la dernière CAN ?
"Elle a réalisé un bon parcours en terminant première de son groupe. En quart de finale contre la Guinée Equatoriale, elle a été victime du charme du football africain ! Le penalty imaginaire sifflé à la 93' ? Je l'avais prédit à Nico (Seube), avec qui je regardais la rencontre dans notre chambre d'hôtel, quatre minutes auparavant. Et encore, c'était une affiche de Coupe d'Afrique des Nations, télévisée. J'ai malheureusement vu bien pire sur des rendez-vous moins médiatisés".
Pourquoi n'avez-vous pas participé à cette CAN ?
"L'entraîneur (le Belge Georges Leekens) m'avait convoqué. J'étais d'ailleurs vice-capitaine de la sélection, mais j'ai privilégié mon club. Je n'oublie pas que Caen est venu me chercher alors que j'étais encore blessé. Je voulais renvoyer l'ascenseur à mes dirigeants et au staff qui m'ont accordé leur confiance. De plus, en janvier, je ne me sentais pas prêt à disputer une compétition internationale avec des matches tous les trois quatre jours".
• L1. J26 - SM Caen - RC Lens, samedi 21 février à 20 heures au stade Michel-d'Ornano.
(1)Sa prolongation de contrat signée avec le RC Lens n'a pas été homologuée par la DNCG compte tenu des difficultés financières du club artésien.
(2)Alaeddine Yahia a été éloigné des terrains pendant six mois à la suite d'une rupture des ligaments croisés à un genou survenu le 31 mars contre Clermont.
Alaeddine Yahia
