Quand il a débarqué à Caen en 2016, tout juste âgé de 18 ans, Yoël Armougom n’imaginait certainement pas que 3 ans plus tard, il serait un titulaire en puissance au Stade Malherbe. Arrivé de La Réunion où il a fait ses classes, le latéral gauche s’affirme match après match comme un joueur de caractère malgré sa jeunesse. Sa qualité principale dans la vie ? Son incessante combativité, assurément. « Avant, je vivais à 10 000 kilomètres et si je ne me battais pas tous les jours, je pense que je serais toujours là-bas », explique le joueur. Du cadre de vie réunionnais à l’exigence des entrainements de haut niveau en Normandie, beaucoup de choses ont tout à coup changé pour le jeune homme. Mais à bas les clichés, ce n’est pas le climat du Calvados et sa mauvaise réputation qui ont perturbé Yoël Armougom à son arrivée dans la cité caennaise. « J’aime bien le froid, sourit le Malherbiste. C’est l’alimentation et les types de produit qui m’ont posé problème. » Maintenant qu’il dispose de son propre chez lui, le natif de Saint-Denis peut « cuisiner local » à sa guise. Un souci en moins.
Sur le terrain, le Réunionnais n’a jamais tremblé à l’heure de trouver sa place, chez les jeunes d’abord puis avec les pros en Ligue 1 Conforama sous les ordres de Patrice Garade puis de Fabien Mercadal. À son arrivée, Yoël s’est retrouvé associé à Jessy Deminguet, Thomas Callens, Younn Zahary et les plus jeunes Jad Mouaddib ou Herman Moussaki. Autant de talents du centre de formation caennais qu’il retrouve avec plaisir aujourd’hui au sein de l’équipe première. Lancé dans le bain de la Domino’s Ligue 2 cette saison, l’arrière latéral gauche dispose déjà d’une solide expérience. En toute circonstance, même face aux plus grandes équipes, il a toujours su faire preuve de calme et de maitrise, l’un des secrets peut-être de sa réussite. « Jouer devant 20 000 personnes à Caen ou 50 000 à Marseille ça ne me stresse pas, j’arrive à me concentrer sur le jeu et faire abstraction, » confie-t-il. Succulente anecdote : Yoël passait son permis de conduire juste après son premier match au Stade Vélodrome l’an dernier et se souvient avoir été plus stressé par l’examen que par la pression du public olympien. « Je l’ai même raté ! Mais l’ai eu la seconde fois ! » plaisante-t-il aujourd’hui.
Titulaire d’un bac ES obtenu à la Réunion, Yoël a toujours souhaité s’engager sur la route du football professionnel. Cela n’avait rien d’évident au départ mais à Caen, le jeune Malherbiste a toujours trouvé du soutien chez ses partenaires. « Des joueurs autour de moi me poussaient comme Julien Féret ou Rémy Vercoutre qui était assez exigeant. Ronny Rodelin aussi m’a aidé à progresser et à m’adapter. » En footballeur accompli qu’il est devenu, plus porté sur le jeu offensif malgré son poste de défenseur, le jeune Caennais trouve l’équilibre en mettant le football de côté quand il le faut. Amateur de basket, Yoel n’est jamais contre une sortie ciné avec son compère du centre de formation Pierrick Mouniama, lui aussi réunionnais. Mais c’est surtout la capacité du joueur à avoir gardé un lien solide avec ses amis d’outre-mer qui l’aide à s’épanouir et, tous ensemble, ils se retrouvent régulièrement autour du célèbre jeu vidéo Fortnite. « Au début, je vivais seul, je me suis un peu réfugié dans les jeux-vidéos, confie le jeune homme. Après un match, même si je suis une personne joyeuse, j’ai parfois du mal à rigoler. Mes amis me redonnent toujours le sourire. »
Admirateur de Ronaldinho dont il regardait avec émerveillement les exploits lors de ses jeunes années mais aussi de l’ex-Caennais Raphaël Guerreiro, « un modèle à mon poste » comme il le précise, Yoël espère ardemment réussir une grande saison. « La descente m’a frustré mais je dois reconnaitre que ce retour en Ligue 2 n’était pas dû au hasard. » Aux côtés des nouveaux venus pleins d’expérience comme Anthony Gonçalves, Rémy Riou ou encore Anthony Weber, le Réunionnais prend ses marques match après match et croit dur comme fer « à une remontée en Ligue 1 Conforama. » L’abnégation du jeune homme de 21 ans ne sera clairement pas de trop pour porter l’armada caennaise vers les sommets dans ce marathon qu’est le championnat de Domino’s Ligue 2.