L’épreuve des poteaux
Quand les commentateurs de football les plus avisés ont décrypté les statistiques du match, ils se sont dit que le score était tout bonnement logique et que l’opposition entre les deux équipes était inégale : moins de 30 % de possession de balle pour les Caennais, 25 tirs subis, dont 17 en première mi-temps (un record), 4 poteaux touchés pour les Parisiens, tandis que les Normands n’ont frappés qu’une fois les bois. Les chiffres ont semblé en effet placer les deux clubs dans deux sphères du football bien distinctes. Mais le ballon rond ne saurait se limiter à des données chiffrées. Car si les visiteurs n’ont cessé de tenter leur chance en première période, trouvant en 45 minutes les montants à trois reprises, le bloc normand a su faire le dos rond, en se montrant discipliné devant un Brice Samba une nouvelle fois impérial. Ils ont même pu faire douter les leaders du championnat à l’épreuve des poteaux, lorsque la reprise de la tête de Crivelli est venue heurter la transversale d’Areola, sur un excellent coup-franc de Khaoui. Certes, les dernières minutes du premier acte étaient largement à la faveur des Parisiens, mais la communauté malherbiste avait l’impression qu’elle était ce soir capable de passer le plus dur. Et les événements du début de la seconde mi-temps sont venus confirmer ces sensations. Alors que les Parisiens avaient repris la possession de balle, les Caennais venaient leur jouer un vilain tour en ouvrant la marque par Ninga qui, décidemment en vue ces dernières semaines, se détachait d’Alves pour aller tromper le portier parisien. 1-0 : d’Ornano donnait de la voix et les espoirs étaient au plus haut. C’était toutefois le moment pour le PSG de sortir son arme fatale, Kylian Mbappé : d’abord en lui faisant tirer son premier penalty de la saison, consécutif à une main de Zahary dans la surface, puis en venant conclure une action confuse dans les derniers instants du temps réglementaire. Dans les dernières minutes du match, les Caennais n’avaient plus la force de résister et laissaient le concurrent du jour l’emporter : frustrant.
L’espérance de vie
Frustrant, oui, et ce même si les espoirs avant la rencontre étaient inverses à la taille de l’adversaire. Mais sans se contenter de peu, on se contentera du mieux. De beaucoup mieux, même. Face au gratin du football européen, les Malherbistes ont mis sur la table (ou plutôt sur le rectangle vert) toutes les valeurs qui pourraient s’avérer essentielles pour obtenir le maintien dans quelques semaines. Solides malgré les assauts adversaires, disciplinés, ils ont aussi été plus ambitieux offensivement, plus malins et joueurs afin de trouver les failles d’un adversaire qui, malgré des échéances européennes à venir, n’en a que peu. Sans avoir réussi à prendre des points, le Stade Malherbe a redonné l’envie de croire et des moments d’émotion au Stade d’Ornano qui ne s’est pas fait prier pour lui donner son soutien. Il a redonné des motifs d’espoir, au sens propre du terme. Ne reste plus qu’à balayer, pour les journées à venir, la frustration d’un exploit qui est apparu très proche, pour finalement se dérober en fin de partie. Espérons, surtout, que les Malherbistes sauront ne pas faire de ce match une synthèse de leur fin de saison et que le dénouement positif arrête de filer pour quelques minutes.