Rémy Riou en protecteur des cages, voilà bientôt 30 ans que ça dure. Et si le nouveau portier caennais s’est retrouvé gardien de but, c’est par la force des choses. « J’étais le plus jeune d’une fratrie, donc dans ces conditions, tu vas à la cage et tu te tais ! » plaisante-t-il aujourd’hui. C’est à croire que le natif de Lyon doit une fière chandelle à ses frangins puisque ces derniers lui ont permis de se révéler à un poste où il a vite « montré des aptitudes ». Définitivement fixé sur sa ligne de but à l’âge de 8 ans lorsqu’il a intégré l’Olympique Lyonnais, Rémy n’a plus jamais changé de poste depuis et, à tout juste 32 ans, le voilà dans la fleur de l’âge. Quand on se penche sur le parcours du dernier rempart des “rouge et bleu“, on ne peut justement pas occulter les années lyonnaises de ce natif de la capitale des Gaules. De 1996 à 2006, Rémy Riou a ainsi pu s’imprégner de la trajectoire victorieuse et inédite réussie par l’OL chez les pros qui a influencé absolument toutes les catégories inférieures, une trajectoire qui a fait de lui un “pro de la gagne“. « J’ai appris la culture de la victoire là-bas dans ces années fastes, souligne-t-il aujourd’hui. C’était normal de gagner, il y avait très peu de place pour la défaite, ça a forgé mon caractère. » Né en 1987, le gardien malherbiste est l’un des fers de lance d’une des plus grandes générations de l’histoire du football lyonnais et à plus grande échelle du football français. « J’ai commencé à 8 ans avec Karim Benzema et l’actuel Brestois Julien Faussurier dont je suis resté proche, raconte-t-il. Ensuite se sont joints à nous Anthony Mounier, Loïc Rémy ou encore Hatem Ben Arfa. On avait une génération 87 avec énormément de talents. Il y avait à Lyon de très bons éducateurs, un gros bassin et de bons recrutements. »
Dans un contexte très concurrentiel, au plus fort de la domination de l’OL sur l’hexagone, le jeune Rémy se cherche bientôt une place et un point de chute qu’il trouve en 2006 du côté du FC Lorient de Christian Gourcuff, alors tout jeune promu. Promis à un rôle de 3èmegardien pendant cette saison de prêt, il va finalement garder les cages bretonnes lors de 22 matchs par un concours de circonstance qu’il se plait encore à évoquer : « Mon premier match professionnel, c’était au Vélodrome contre l’OM. Je m’y retrouve titulaire car lors du match précédent, j’ai la chance que le gardien titulaire (ndlr : Fabien Audard) se blesse et que l’autre (ndlr : Lionel Cappone) prenne un rouge. » Au final, pour sa première, Rémy est décisif sur sa ligne contre Franck Ribéry, Samir Nasri et consorts. Lorient gagne 1-0 et le natif de Lyon vient de lancer une carrière qui sera riche en émotions mais dont il peine à dégager des matchs clefs ou particulièrement marquants. « J’en ai tellement vécu, glisse-t-il avant de finalement réussir à trancher. Alors il y a ce premier Vélodrome qui est tellement génial. Je me rappelle aussi d’un match à Bordeaux avec Lorient où je suis quasiment intouchable. Il y a aussi la montée avec Nantes contre Sedan même si le match en lui-même était anecdotique. »
Désormais porteur du maillot flanqué de la tête de viking, Rémy Riou a accumulé la bagatelle de 116 matchs en Ligue 1 Conforama. Son arrivée à Caen cet été est en fait un retour dans l’hexagone puisque le joueur de 32 ans était parti s’aventurer en Turquie à Alanyaspor et en Belgique à Charleroi pour deux expériences moyennes sur le plan sportif mais qu’il ne regrette nullement. « Toute expérience est positive, assure-t-il sagement. Ça m’a permis de voir autre chose, la mentalité d’autres pays, d’autres cultures, j’ai fait des nouvelles rencontres, donc je trouve ça très intéressant du point de vue humain.» Et à ceux qui imaginent ces expériences comme un signe de déclin, il s’avère impossible de faire flancher la motivation du gardien caennais, encore une fois solide sur sa ligne, de conduite celle-ci. Car quand on lui demande s’il a une vraie motivation pour remonter en Ligue 1 Conforama avec Malherbe, la réponse fuse immédiatement : « Ah ben moi je suis venu là pour ça, je n’ai fait qu’un an en Ligue 2 et c’était pour me relancer quand je suis allé à Nantes donc je ne me considère pas comme un gardien de cette division. Je n’ai pas envie de finir ma carrière en L2 parce que je l’ai très peu connue et qu’en plus de ça et que j’ai envie de connaître des choses positives, de remonter et de nous maintenir au plus haut niveau. » En outre, il n’a pas signé jusqu’en 2022 avec le Stade Malherbe par hasard.
Se définissant comme « un épicurien », Rémy Riou plaisante aisément dans un vestiaire et ne dégage en dehors du football qu’une seule et unique passion dans sa vie : sa fille. « J’essaie de passer le plus de temps possible avec elle pour lui inculquer les bonnes valeurs, lui faire sentir que je suis présent et faire en sorte qu’elle s’éclate aussi dans sa vie, » raconte-t-il en bon père de famille. D’un naturel très curieux, le portier malherbiste aime à prendre la vie du bon côté et cherche avant toute chose à « profiter des petites choses qu’elle a à offrir ». Le football, ce « beau métier » dont il se considère « chanceux de pouvoir vivre et même de bien vivre », il le pratique bien sûr mais n’en consomme pas vraiment chez lui. « Je suis un acteur, je ne suis pas un spectateur ! » précise-t-il. Armé de ses gants à l’heure de protéger ses cages, le gardien malherbiste choisira toujours de rester « calme et efficace plutôt que fantasque pour enflammer la presse et le public. » Et au final, il a aussi promis une chose : quoi qu’il se passe cette saison ou lors des suivantes, il sera « toujours là pour rassurer tout le monde si le navire tangue un peu. » Une réelle âme de Viking.