
La saison de Domino‘s Ligue 2 2006-2007 du Stade Malherbe est nouée de paradoxes. Vexés par une promotion à l’étage supérieur manquée pour deux buts au printemps précédent, Anthony Deroin et ses copains rechaussent les crampons gonflés à bloc le 28 juillet 2006. Ils reçoivent alors le promu novice Libourne-Saint-Seurin qu’ils battent avec maitrise (2-1) sans savoir alors que 37 journées plus tard, ce même adversaire leur donnera du fil à retordre et des frissons à l’heure de valider leur promotion. Annoncés favoris aux côtés des relégués Metz et Strasbourg, les Caennais donnent raison à leurs observateurs en alternant prestations solides et matchs de qualités. L’équipe a perdu beaucoup d’éléments à l’été mais le club n’a bougé que deux pions dans le sens des arrivées : Grégory Proment est arrivé libre de Metz et Sébastien Mazure a fait son retour de Saint-Etienne, un an seulement après avoir investi le Chaudron. Plus resserré, plus compact, le groupe n’en est pas moins solidaire sur et en dehors des terrains.
La bonne santé collective du SMC transparait alors très vite sur ses résultats dont les plus notables et mémorables demeurent un 4-0 contre l’AC Ajaccio pour les 10 ans du MNK, un 3-2 course-poursuite contre Dijon juste avant Noël et un succès renversant (2-1) sur le terrain difficile de Montpellier.Dans le sillage d’un Yoan Gouffran intenable sur le front de son attaque (15 buts) et d’un Titi Deroin au sommet de son art dans le cœur du jeu (11 passes décisives), le Stade Malherbe trône sur le podium de la deuxième à la dernière journée (exception faite de la 12ème journée). Cette constance louable et les cinq petites défaites concédées seulement (plus faible total de la saison) ne trouvent cependant que tardivement leur récompense. En dépit d’un championnat savamment maitrisé, Jérémy Sorbon et ses partenaires entament en effet la 38ème et ultime journée de la saison sans être sûrs d’évoluer en Ligue 1 Conforama la saison suivante.
Lorsqu’ils pénètrent sur la pelouse de Libourne-Saint-Seurin le 25 mai 2007, Nicolas Seube et les siens briguent le dernier ticket pour l’élite, Metz et Strasbourg ayant fait honneur à leur statut en s’offrant la montée quelques jours plus tôt. Et si le champagne est resté au frais dans les réfrigérateurs normands, c’est à cause d’une formation amiénoise résiliente au 4ème rang. La donne est alors simple pour Malherbe en Gironde : seul un revers de leur part combiné à un succès des Picards pourrait les priver de montée. Et histoire de préserver le palpitant de ses supporters, Anthony Deroin a la bonne idée de marquer dès la première minute. On se dit alors que plus rien ne peut venir s’opposer à un retour des Malherbistes dans l’élite. Seulement, Amiens n’abdique pas à domicile contre Le Havre et marque à deux reprises alors que les Caennais…se font rejoindre sur penalty à la 70ème. Il reste alors un peu plus de 20 minutes à jouer et les Normands sont face au précipice. Les spectres d’Istres et de Créteil, deux duels ne leur ayant pas souri dans leurs conquêtes récentes, refont brutalement surface. La 38ème journée va-t-elle une fois encore frustrer tout un peuple ? La réalité est en tout cas telle qu’un but de Libourne anéantirait les rêves de montée. Le suspense bat ainsi son plein lorsque le héros de la saison surgit tout à coup : Yoan Gouffran. L’attaquant normand clôt astucieusement les débats à la 82ème minute, offre la victoire 2-1 à son équipe et envoie définitivement son club en L1. Malherbe finira d’ailleurs 2ème du championnat grâce à un ultime revers de Strasbourg. A coup sûr, les cœurs de certains supporters en battent encore aujourd’hui !