Pascal, voilà maintenant deux semaines que tu as été nommé entraîneur de l’équipe première du Stade Malherbe, de manière globale, quel regard portes-tu sur ces premiers jours au club ?
C’est un lieu commun de dire que c’est positif et je n’ai pas envie de faire comme tout le monde. C’est un club très bien structuré, doté d’infrastructures dignes de l’élite. En cela, je n’ai pas modifié mon discours par rapport à il y a une dizaine de jours. Quelquefois dans notre milieu, entre techniciens, on ne s’attarde pas à connaître avec exactitude quels sont les moyens des autres clubs en matière d’infrastructures. J’ai été surpris positivement par ce que le Stade Malherbe possède. Il y a aussi les personnes qui sont autour du club, que ce soient les administratifs ou les éducateurs au centre de formation. C’est un club qui est très bien staffé de mon point de vue. Un mot aussi sur l’entretien des pelouses, c’est privé, on se sent au Stade Malherbe, les jardiniers jardinent, ça tranche avec ce que j’ai pu voir quelques fois.
Tu disais après Châteauroux que la trêve internationale qui s’achève allait servir à intensifier les séances, au moins d’un point de vue physique, c’était ça le fil conducteur des derniers jours d’entrainement ?
Oui, et on a bien travaillé pendant cette trêve. Il nous a manqué cinq internationaux mais ça c’est la rançon de la gloire. Plus le club est élevé, plus il dispose d’internationaux. Avec un groupe restreint mais bien aidé par des jeunes issus de la formation venus montrer l’étendue de leurs capacités, on a pu travailler correctement. C’est l’occasion pour moi de saluer sur ces dix jours la performance du staff placé sous ma responsabilité, les deux qui sont venus avec moi ici mais aussi ceux qui sont présents depuis longtemps. Quand tout le monde est attentif et que tout le monde travaille dans la bonne humeur, bien souvent ça n’empêche pas le sérieux. La bonne nouvelle que je peux leur annoncer à travers cette interview c’est qu’il va y avoir encore beaucoup de semaines à travailler comme ça !
Ce qui a été mis en place en termes de contenu de séances va donc se poursuivre ?
Il ne faut pas que les joueurs s’attendent à ce qu’on musarde. Je ne connais pas de récompenses sans efforts, je n’ai jamais connu ça. Le peu de récompenses que j’ai obtenu dans ma vie, et elles étaient souvent personnelles, c’était le fruit d’efforts. Je ne sais pas si on obtient des choses sans efforts, est-ce qu’on s’en satisfait ou est-ce qu’on en puise vraiment des satisfactions ? Je ne crois pas. Obtenir des récompenses dans la difficulté, c’est encore plus beau. Donc c’est bien, on a déjà le programme. Si on venait à obtenir quelque chose, on le devrait à notre travail, à notre bonne entente, à la qualité de vie qu’on a ici et au bien-être.
Les supporters ont pu s’apercevoir depuis ton arrivée qu’ils étaient les bienvenus aux séances d’entraînement, c’est une spécificité que tu as de vouloir faire tes séances en public ?
Je comprends qu’on ne puisse pas le faire partout parce qu’il y a des clubs où manifestement c’est impossible. Mais il se trouve que dans tous les clubs où j’ai pu officier, ça l’était. Il y a comme un anachronisme sur ce qui se fait. Je n’ai pas envie de créer un précédent ou de me singulariser. Le foot est un sport populaire et nous réclamons tous, dès lors qu’on est professionnel, de jouer devant beaucoup de monde. Donc je n’arrive pas à comprendre pourquoi on s’entrainerait dans le calme. Après, certains diront que c’est pour élaborer des tactiques visant à surprendre l’adversaire. Comme si notre jeu n’était pas déjà disséqué… Je pars du principe qu’on joue comme on s’entraine. On s’entraine à haute intensité, on reproduit des efforts qui sont semblables à ceux des matchs, s’il y a du monde autour de la main courante, tant mieux puisque c’est ce qu’on espère avoir le week-end. Si on fait un tennis-ballon entre membres du staff par contre, on fermera au public, comme ça on ne se couvrira pas de ridicule.
Ce premier match à d’Ornano, ces séances ouvertes au public t’ont permis de te familiariser un peu avec le public caennais ?
Oui, à l’initiative d’Arnaud Tanguy d’ailleurs, j’ai rencontré les membres du bureau du MNK96 ainsi que leur président. Nous sommes tous ensemble, tous ceux qui aiment le Stade Malherbe Caen, tous ceux qui veulent le voir bien figurer, on se doit d’œuvrer ensemble. Nos prochaines victoires seront aussi celles de nos supporters. Donc comme le foot sert à créer aussi du lien, c’est presque notre première mission que de donner du plaisir aux gens. En tant qu’entraîneur, je suis en plein dans ma mission, ce ne serait pas le cas si je faisais autrement. J’ai toujours voulu rendre au football ce qu’il m’a donné et j’ai besoin des supporters pour ça. D’ailleurs, je sais qu’ici, le public peut nous rapporter des points.
Cette équipe du Stade Malherbe, à l’exception de quelques éléments, tu la découvres intégralement. Avais-tu déjà une bonne vision des joueurs qui la composent et de ce qu’ils sont capables de faire ?
Je dois reconnaître que je ne les connaissais pas tous même si je suis vraiment un passionné de foot et que donc, de la Ligue 2, j’en regarde le plus possible. Mais je ne connaissais pas véritablement tous les joueurs et je ne les connais pas encore tous complètement. Ça va beaucoup mieux bien sûr mais j’ai encore commis une erreur cette semaine puisque j’ai appelé Jessy Deminguet « Hugo » (ndlr : Vandermersch) parce qu’ils ont la même coupe de cheveux, ils doivent le faire exprès (rires). Ça a fait rire tout le monde, ça m’a fait rire aussi. Je ne l’ai pas fait exprès mais ça a eu un bel effet car ils ont bien rigolé. Je crois beaucoup en ça.
Justement, qu’est-ce que tu souhaites que tes joueurs incarnent ?
Les footballeurs du Stade Malherbe doivent incarner le fait d’être conquérants. Ils doivent aussi refléter l’insouciance de la jeunesse puisque dans le football, jusqu’à preuve du contraire, on dit « jouer au foot » parce que c’est un amusement. Il faut savoir s’amuser mais avec beaucoup de sérieux et beaucoup d’implication. Parfois ça permet de gagner et ce que j’espère c’est justement qu’on gagnera souvent. Pour ça, c’est aussi partager l’insouciance du jeu et permettre à tout le monde de prendre du plaisir. Il ne faut jamais se départir de ça. Sur le terrain, il faut prendre du plaisir dans la rigueur, dans la souffrance parfois, il faut savoir se dépouiller, se mettre le cul par terre… Pour le moment, j’ai un bon feeling quant à l’investissement des joueurs, il faut que ça soit confirmé par les résultats pour leur donner une tranquillité d’esprit. Aujourd’hui, ils sont encore meurtris mais il est temps de passer à autre chose et de respecter tous les acteurs du club. Si on est là, c’est parce que des gens ont beaucoup travaillé et se sont énormément investis pour le Stade Malherbe. J’en profite pour les remercier. L’objectif, c’est d’honorer ces personnes et celles qui continuent de bosser pour ce club en obtenant les meilleurs résultats possibles. Il faut tourner la page, il faut arrêter avec la sinistrose, il faut repartir en collant au plus proche du slogan du Stade Malherbe : « Normands et Conquérants ! »