SM Caen / RC Lens : souvenirs de Coupe de France

Loin de ses exploits passés, le Stade Malherbe Caen traîne la Coupe de France comme un boulet. 1989 ? Éliminé par Beauvais, un mal classé de D2. 1990 ? Défait par le Gazélec Ajaccio, une D3 en 32es de finale. Même chose l’année suivant à Niort, relégué en D3 en fin de saison. Avec à chaque fois la même impression frustrante d’avoir abandonné la partie face à un adversaire largement prenable.

En cette année 1990, c’est un adversaire de taille qui se présente à Venoix : le RC Lens, promu solidement installé en milieu de tableau, une équipe bien organisés, athlétique et prompt à contrer. À Caen, le groupe est affaibli. Germain, Point et Olsen blessés, Fournier suspendu, Avenet et Paille en reprise : seuls onze professionnels sont valides.

Le coup-d’envoi du match, diffusé sur TF1 est fixé à 17h00 de sorte qu’on ne compte même pas 5 000 spectateurs malgré le renfort de plusieurs centaines de Lensois. Il est peu de dire que les absents vont le regretter ! Les Caennais vente dans le dos, attaquent tambours battants : après vingt minutes de jeu, ils ont déjà réalisé le break face à des Lensois pourtant bien organisés. Sur une relance lensoise, Lebourgeois arrache le ballon à Sikora et sert Gravelaine qui centre, Görter contre et ne laisse aucune chance à Bernard Lama. Cinq minutes plus tard, Willy Görter remet le couvert sur coup-franc aux 20 mètres que le portier ne peut que repousser la lourde frappe sur Hypolite Dangbeto. Mais les Lensois savent de toute évidence répliquer. Le capitaine Walemme qui, de près, a tout le temps d’expédier la balle en pleine lucarne. Les Nordistes ont l’occasion de revenir au score sur penalty mais Francis Gillot, pourtant spécialiste en la matière envoie sa tentative sur le montant gauche juste avant la pause.

Au retour des vestiaires, le vent change de camp. Lama met la pression sur la défense caennaise avec ses dégagements. Sur l’un d’entre eux, Montanier est devancé par Delmotte qui permet aux Nordistes de recoller au score. Mais les Normands ne sont pas en reste et répliquent : Franck Dumas à la baguette qui centre pour la tête de Xavier Gravelaine : 3-2 ! La qualification se jouera aux prolongations après l’égalisation de Maufroy suite à un corner mal renvoyé. 98^e : Lens reprend l’avantage et les locaux tirent la langue sur cette frappe détournée de Delmotte par Rival. Le pessimisme s’empare de Venoix, les équipes changent de camp et le vent redevient favorable. En l’espace de deux minutes, les Caennais repassent devant grâce à Olivier Pickeu  et Willy Gortër qui s’offre un doublé. Le Néerlandais offre la qualification aux Caennais d’une superbe frappe depuis l’extérieur de la surface.

Cette fois les Lensois ne s’en relèvent pas. Conclusion de Daniel Jeandupeux, : « C’est cela, la vrai formule de la Coupe de France. Le grand vainqueur de ce soir n’est pas Malherbe mais le football ! ». Sept millions de téléspectateurs ont été témoins de ce spectacle magnifique.